NOTRE DÉVOLUTION est d'interrompre. Non pas une espérance réalisée, donc, une simple confiance. Non pas aucun changement réel : l'idée d'une renaissance. Ce qui est seulement, à l'intérieur du temps ainsi ouvert, e nous rendre disponibles pour la passée du neuf. Le travail où nous sommes est d'accueillir aux intervalles des gestes, de la pensée, de la parole, ici, on ne sait d'où venue, des étincelles d'immortalité. Ainsi notre mission ne soit ni de réaliser une ambition, de satisfaire une volonté ou une puissance : non pas un faire dont le seul but est l'oeuvre, mais l'accueil d'un cortège invisible qui ne cache pas le sens : qui est le sens. Les cordes qu'il faut frotter à son passage, il semble qu'elles soient enfouies dans un endroit secret du monde. On ne tire pas ce genre de mélodie des grands objets visibles. Peut-être un peu du sentiment d'avoir à commencer le monde ? - Le soir de notre Europe est lamentable et vide ? Ecoutons donc la nuit. Reprenons notre marche, comme ceux qui se risquaient loin de leur feu en se plaquant sous les falaises. Nous aussi avons peur. C'est une grande tâche de solitude, dont la seule récompense est la force qui faire dire : que l'art, l'amour ni la raison ne gouvernent pas le monde, ne dit pas leur échec, - seulement ce qui manque pour que le monde soit monde.

Une terre d'Europe, pages 261-262.